Les Fouteurs de joie : des étoiles et des idiots
Le 12 février, au milieu d’une tournée fleuve, Les Fouteurs de joie présenteront leur dernier spectacle à La Cigale, de la chanson à voir autant qu’à entendre. On est définitivement fan de ces imbéciles heureux !
Ovnis musicaux de la scène française
Les Fouteurs de joie font salle comble partout où ils passent. Et pour cause ! Bien qu’ils évoluent en marge du système et des médias nationaux, ces gus-là fédèrent. Déjà, ils trimballent avec eux vingt ans d’amitié indéfectible. Et après plus de 900 concerts, ils sont toujours heureux de se retrouver. Leur complicité fait plaisir à voir et leur humanité est contagieuse.
Filante, la route est tracée, celle des potes, mais aussi des poètes. Chaque chanson a une saveur particulière, leurs histoires émeuvent et les textes, très bien écrits, marquent les esprits. De plus, ces musiciens hors pair maîtrisent tous plusieurs instruments, dont certains improbables : clarinette, grosse caisse, contrebasse, tuba, accordéon, banjo, scie musicale, haut-parleur… Leurs compositions sont mâtinées de plusieurs styles, de la musette au punk, en passant par le country. Ils sont aussi adeptes de la forme cabaret pour conjurer le sort, comme la « Supplique des patrons », référence à Bertold Brecht et à Kurt Weill. D’album en album, Les Fouteurs de joie prennent de la hauteur. Jusqu’aux étoiles !
Une troisième création très réussie
Leur dernier opus est encore teinté d’humour, parfois vachard : « Tu me quittes / tu me l’avoues à la baraque à frites / On rejoue la passion / dans l’odeur de graillons » ». Leur « géographie amoureuse » est pour le moins savoureuse. Ils aiment également affûter leurs armes. Amour, amitié, misère sociale… aucun sujet ne les arrête et leur imagination est foisonnante.
Ces idiots (Nicolas Ducron, Laurent Madiot, Alexandre Léauthaud, Christophe Dorémus et Tom Poisson) gesticulent sous une boule à facettes, chantent en allemand et pratiquent le karaoké au restaurant chinois. Mais c’est nous aussi, idiots que nous sommes, de nous laisser berner par le monde de la finance, de manger du poulet industriel, d’assister impuissants au réchauffement climatique !
Inspirés, plutôt perchés, ces olibrius décrocheraient la lune pour que la joie soit partagée par le plus grand nombre. Sous les étoiles exactement : « Les confettis de la nuit, qui en profite ? / Les sans-gîte ». Mais Les Fouteurs de joie ont toujours le mot pour rire, préférant désacraliser la mort pour mieux nous parler de la vie.
De la « chanson spectaculaire »
Pas de câble, pas d’ampli, très peu de micros. Cette option de sonorisation crée une intimité très forte avec le public. La scène, dépouillée, autorise toutes les folies. Tantôt lions enragés, tantôt primates chantants ou clowns récidivistes, tous déploient une belle énergie.
Les jeux de scène sont parfaits, car la part visuelle est aussi importante que l’aspect sonore. Enfin, chaque personnalité est mise en valeur : le dur au cœur tendre, le citoyen dupé, l’adulte enfantin, le mec décalé, le doux rêveur, le fieffé crétin forment un collectif aux visages multiples.
Ce sont des interprètes complets, épatants, car outre leurs talents de musicien, ils sont de vrais comédiens, avec un sens inné de l’autodérision. C’est d’ailleurs au théâtre que tout a commencé pour eux, au sein d’une compagnie itinérante (La Troupe du Phénix). Les représentations à ciel ouvert, la marche à pied, les nuits à la belle étoile et l’esprit de camaraderie ont forgé les tempéraments. Formidable terreau artistique et humain !
Alors, ne ratez pas leur concert à la Cigale ! Ce sera une soirée extra, d’autant plus qu’ils accueillent, en première partie, le Siffleur, autre ovni de la scène musicale, virtuose et hilarant. Voici l’occasion de découvrir ce drôle d’oiseau, la veille de sa 500e représentation, au Palace, où il se produira avec un quatuor à cordes.
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Sarah Meneghello
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